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Administrateur site #ApresJ20

Combien ont tout perdu ?!

Bonjour


Je m'appelle Sandrine et j'ai 39 ans. J ai contracté le COVID le 18 mars 2021 lors d'une mise en bouteille dans la propriété familiale. Une personne était positive mais ne le savait pas. Nous étions une dizaine à être positifs. J'avais de la fièvre ainsi que des courbatures et j'étais très fatiguée mais j'étais surveillée par mon médecin qui me disait de surveiller mon oxygène avec un oxymètre car J'ai une morbidité : je suis en obésité... Puis, le 7 ème jour je vois que mon oxygène baisse et je suis essoufflée. Je me rends chez mon médecin et je tombe sur ça remplaçante qui préfère me faire hospitaliser pour être sous surveillance en vue du week-end.


Donc en plein COVID arrivée à l'hôpital mais mon mari ne peut pas m'accompagner donc je rentre seule puis la batterie d'examens commence : on me met en service COVID sous oxygène puis on m'augmente l oxygène... De plus en plus... Et je me sens de moins en moins bien. On me parle d'aller en réanimation. J'ai peur et je ne le sens pas. Je dis à mon mari de bien s'occuper des enfants car j'ai très peur. J'envoie des messages aux gens que j'aime...


Me voilà en réanimation et là, tout bascule. Le 9 ème jour je fais une détresse respiratoire et cardiaque. Mon mari est averti dans la nuit que je suis intubée, dans le coma et que mon pronostic vital est engagé. Mon mari est très inquiet. Mes filles, mes parents, la famille, les amis, les voisins de mon village, les parents d'élèves à l'école... Tout le monde se met à faire des prières, écrire des mots et des lettres de soutien. Une solidarité incroyable...


Cela va durer 17 jours en dents de scie !


Puis Je me réveille. Une infirmière me réconforte en me tenant les mains et m'explique que je suis toujours intubée pour respirer car je m'étouffe, c est horrible ! Ils ont essayé de m'enlever les tuyaux mais je paniquais donc ils l'ont laissé un jour de plus et là, cette infirmière me parle, m'explique puis réexplique... et on y arrive. J'y arrive ! ils m'enlèvent les tuyaux et l infirmière appelle ma famille. Je suis sortie d'affaire et c'est un soulagement pour eux car moi j'ai dormi. Le médecin me montre un calendrier et m'explique. Petit à petit je me souviens de certains bruits, de sensations d'être touchée, d'une lumière blanche, des visions de ma grand mère décédée qui me faisait signe de partir avec la main, une sensation de voler au dessus des gens...


Et là je n'ai plus envie de dormir ni de fermer les yeux ou plutôt, j'ai peur de fermer les yeux et j'ai peur du noir.


Je ne peux pas me lever, c'est très dur. Mes jambes sont lourdes comme si elles étaient cellées dans le béton... C'est dur, très dur et je n'arrive pas à parler. Puis, la rééducation commence en réanimation avec des kinés pour la respiration et pour les mouvements.


Puis je passe en service post COVID. Je me force car je veux vite rentrer chez moi. C'est un combat qui commence car je veux mais mon corps ne suit pas, ma jambe qui me brûle depuis mon réveil c'est atroce... J'ai les jambes lourdes. Mais petit à petit j'arriverai à me mettre assise, faire un pas, puis me mettre debout et enfin aller aux toilettes. Il faut tout réapprendre... Et voilà le jour J, le jour de ma sortie en fauteuil bien sûr car je ne tiens pas bceaucoup debout.


Les séances de kiné s'enchaînent à domicile puis au cabinet et en piscine. Mais le problème c'est que le Covid-long n'étant pas reconnu ben pas de prise en charge du taxi pour me rendre chez le kiné donc mon mari arrête son travail pour m'amener ou bien mes parents le font...


Ce combat a été long, très long car je garde des séquelles sur ma jambe gauche qui me lâche et me brûle. Donc reprise du travail en mi-temps thérapeutique et maintenant en poste aménagé. Mais ma vie n'est plus la même ! Avant j'étais à 100 à l'heure. J'aidais mes parents à la propriété avant de partir travailler... La maison, les courses, le ménage... Tout est fini, c'est plus pareil. Je ne peux plus, je n'ai plus le moral mais je ne lâche rien et J'espère qu'un jour le Covid-long sera reconnu et que toutes les personnes atteintes seront reconnues. Car moi, c'est mon histoire mais on est combien ? Combien ont tout perdu ? Combien sont morts seuls ? Combien souffrent toujours comme moi ? On fait quoi ? On nous aide comment ?


Voilà ma vie d'avant le COVID et ma vie après le COVID.


Merci.


Sandrine

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