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J’ai 31 ans et je vis dans le corps d’une personne de 90 ans.

Solenne - 31 ans - Finistère

Je suis Solenn 31 ans, infirmière libérale, maman de deux enfants. En avril 2020, ma vie a changé. Je me suis réveillé un matin avec des migraines atroces et une extrême fatigue (je ne suis pas du tout migraineuse).

Dans l’après-midi, je n’ai plus de goût et une baisse très forte de l’odorat. Mon conjoint me fait même avaler du soja pur. Les jours d’après les migraines augmentent, la douleur thoracique et les difficultés à respirer augmentent progressivement.


Le hic, mon test PCR est négatif. Au vu des symptômes le diagnostic ne laisse que peu de doute. Mais ici nous sommes pas mal épargnés par le COVID donc on ne sait pas où j’ai pu l’attraper.

Pendant une semaine je reste allongée dans le canapé, à dormir dedans car il m’est impossible de monter les escaliers et même me lever de celui-ci. Lunettes de soleil et volet fermé un maximum. Je dors beaucoup.

7 jours après, un soir ça ne va pas du tout, douleur thoracique, essoufflement… Je ne sais pas ce qui m’arrive mais je sais que ce n’est pas habituel. J’appelle le 15 qui m’envoie aux urgences. Là-bas on me diagnostique une péricardite. Je suis hospitalisée pendant 24h pour faire plus d’examen. Et de nouveau un test PCR négatif.

Je sors sous traitement.

Je vous épargne le récit détaillé des semaines et mois suivants…

A la suite de cela j’ai été suivie au CHU pour voir pourquoi mon état n’évolue pas énormément. Nous n’arrivons pas à arrêter les anti inflammatoires car les douleurs et l’essoufflement reviennent de plus belle. Je me souviens la première piste que le médecin a voulu explorer est la dépression et que les douleurs sont des douleurs psychogènes. Je suis mise sous antidépresseur mais ça ne fonctionne pas.

Ils n’ont rien trouvé à part qu’il subsiste une légère inflammation du péricarde et que le marqueur de l’inflammation ne revient pas en dessous de la norme. On me demande d’arrêter les anti inflammatoires le seul traitement qui me soulage.

Du coup je ne suis plus suivie. J’ai l’impression d’être abandonnée avec mes symptômes, que l’on ne me croit pas. Heureusement mon médecin traitant fait de son possible pour essayer de soulager les douleurs.

A ce jour, j’ai toujours des douleurs thoraciques, 3h à parler avec une copine me lessive littéralement, des migraines assez souvent, des douleurs articulaires (avec une tendinite depuis le mois de novembre et des douleurs lombaires), des trous de mémoire. J’ai 31 ans et je vis dans le corps d’une personne de 90 ans.


Ma vie a beaucoup changé. Un an bientôt après, je ne vis pas « comme avant ». Je le dis souvent il y- a un avant et un après. J’étais très dynamique, à faire plein de choses. Maintenant je dois choisir ce que je fais. Aller jouer avec mes enfants ou faire mon ménage ? Il y a des moments où ça va à peu près et 1h après je suis allongée dans le canapé à ne pouvoir rien faire.

Avec mon état je n’ai pas pu reprendre mon activité professionnelle. En plus des soucis pour ma santé, s’ajoute maintenant la peur de ne plus être indemnisée car ma prévoyance et le médecin expert estiment que je peux reprendre le travail et que je n’ai rien de grave. Elle m’a dit cela fait un an, votre état s’est consolidé on ne peut rien faire de plus. Comment réagir à ces paroles ? Certes on a écarté les pistes de pathologies chroniques mais je ne veux pas rester dans cet état. Et comme les PCR et les sérologies sont négatives, pour certaines personnes je n’ai pas eu le COVID et c’est dans ma tête…

Je suis contente mais aussi désemparée de voir que beaucoup de personnes sont dans le même cas que moi. Je me sens moins seule mais je me dis aussi pourquoi quand on ne trouve pas on remet notre parole en doute (je ne généralise pas bien entendu mais c’est malheureusement une majorité des personnes pour le moment) ?


Je pense que je préférerai faire un foot ou aller faire des après-midi de marche avec mes enfants que de leur dire « non maman est fatiguée , je ne peux pas » .

Merci à cette association d’exister ! Et de nous défendre.

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