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La Co-vide mon corps.

Voilà plus de 8 mois que je souffre de symptômes longs provoqués par la Covid.


Comme de nombreuses personnes qui témoignent sur votre site, j’ai été rattrapé par une forme longue de cette maladie qui de façon insidieuse distille son poison.


Je n’ai pas été hospitalisé, pas d’oxygénothérapie ni de réanimation, juste deux visites aux urgences à j-20 et j-80. Et pourtant…


La première semaine j’ai été touché par des symptômes relativement communs (fièvre, fatigue, douleurs musculaires, maux de tête) qui m’ont fait penser que tout s’arrangerait vite et que je serai d’attaque pour reprendre mes activités dans les jours à venir. On nous rabâche que la grande majorité des gens infectés sont peu symptomatiques et qu’il faut être patient, 14 jours, pour que tout rentre dans l’ordre ; que seuls les plus âgés et les plus fragiles sont concernés par les complications. Je tiens à signaler que j’ai 48 ans, sans co-morbidité ni antécédents médicaux, jusqu’ici actif et sportif.

Mais la seconde semaine m’a pris au dépourvu. J’ai été terrassé par un épuisement sournois. La position debout était une épreuve, prendre une douche un défi. La tachycardie s’est alors installée durablement avec son lot de désagréments : essoufflement, vertiges, douleurs thoracique, sueur froide, sensation de malaise général… Cent soixante pulsations par minutes pour simplement garder la position debout, cent en position allongée, vous comprendrez que monter l’escalier était un exploit sportif que j’évitais de renouveler trop souvent dans la même journée…

C’est donc au 20ème jour que je me suis rendu aux urgences une première fois afin de comprendre ce qu’il m’arrivait. Palpitations persistantes constatées majorées par la station debout. L’ECG était heureusement normal malgré la fréquence cardiaque élevée. La seule explication a pu m’être donnée par l’interne sous la forme de cette nébuleuse réplique: « ça doit être la Covid, ses symptômes sont tellement nombreux, nous n’avons pas suffisamment de recul pour comprendre son mécanisme mais vous n’êtes pas le seul dans ce cas, rassurez vous ».

Dans les semaines suivantes, la fatigue, l’essoufflement et les palpitations se sont installés durablement. Les maux de tête, les nausées, les douleurs gastriques sont venus renforcer le tableau. Sans parler d’une sensation étrange de douleurs diffuses que je qualifierais de gêne artérielle ou veineuse. Il m’est arrivé d’avoir quelques jours d’amélioration qui se sont soldés par une amplification des symptômes par la suite. Pas de phase de convalescence avec une récupération progressive mais une évolution de l’état de santé en dent de scie qui vous coupe le souffle.


Au 80ème jour j’ai été surpris par un œdème à la jambe qui s’est résorbé la nuit. Le lendemain c’était au tour du bras puis du visage.

Une deuxième visite aux urgences m’a permis de vérifier qu’il ne s’agissait pas d’une thrombose. « Une réaction certainement due au virus, dont on ne connaît pas grand-chose » m’a-t-on répondu.

Les mois suivant ont été rythmés par la fatigue et les symptômes persistants. D’autres examens cardiologiques ont vérifié la présence de la tachycardie 5 mois après avoir été dépisté positif. Drôle de coïncidence, l’échographie a montré deux fuites de valves au cœur alors qu’un an avant tout était normal lors du même examen.


J’ai enfin pu aborder ma reprise d’activité professionnelle. J’ai alors organisé ma visite de pré-reprise avec le médecin du travail. Nous nous sommes entendus pour la mise en place d’un temps partiel thérapeutique. Seul hic : une prise de tension artérielle qui a révélé une hypertension, repoussant ma reprise d’un mois le temps d’identifier le problème.


Apparemment cette hypertension n’est pas primaire mais serait liée au stress. A présent je supporte mal le moindre stress et mon corps réagit de suite de façon disproportionnée par des pics de tension. Ce que je ne connaissais pas avant. Comme si la Covid avait déréglé quelque chose dans mon système nerveux central.


Enfin de retour au travail 7 mois après la maladie. J’appréhendais cette reprise. De nombreuses questions s’entrechoquaient dans ma tête. Allais-je être suffisamment endurant pour tenir la journée ? N’allais je pas trop souffrir de douleurs sur mon poste de travail ? Comment réagirais-je aux situations stressantes ?


Je me rends compte un mois et demi après ma reprise que le mi-temps était indispensable pour une reprise progressive, mais je doute de pouvoir le tenir sur le long terme. En effet, à présent je ressens un brouillard cognitif qui complique mes tâches professionnelles. La concentration, l’exercice de synthèse et la verbalisation (parole moins fluide, expression hésitante, bégaiement, difficulté à trouver les mots) sont aujourd’hui compliqués pour moi.


Je ne suis plus celui d’avant la maladie et je m’en rends compte davantage chaque jour. Il faut que je m’adapte à ces troubles physiques, cognitifs et psychiques qui s’invitent en moi. Je souhaite que cela s’atténue mais j’ai l’impression que Mister Coco n’a pas fini de se manifester. Je crains de ne pouvoir rester sur mon poste de travail et j’appréhende l’annonce de l’inaptitude professionnelle… De là à ce qu’on s’aperçoive que les symptômes longs se transforment en séquelles pérennes invalidantes !


J’espère que mon témoignage aidera d’autres personnes à se retrouver dans cette maladie au long court qui vient semer le chaos dans notre corps. Nous ne sommes pas seuls à vivre cette épreuve, faisons en sorte qu’elle devienne une cause au service de l’intérêt général.


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